Sécurité

Souveraineté numérique : garantir l’autonomie, la sécurité et la résilience

À l’heure où les entreprises sont plongées dans un environnement mondialisé et ultra digitalisé, la question de la souveraineté numérique devient un impératif stratégique. Entre protection des données, conformité aux réglementations et la gestion des risques liés à la cybersécurité, les dirigeants informatiques doivent jongler avec des défis complexes.

Mais la souveraineté numérique va bien au-delà de la simple protection des données ou de la cybersécurité. Elle englobe le développement de solutions technologiques locales, l’indépendance des systèmes stratégiques, ainsi que l’élaboration de normes éthiques et juridiques sur mesure, adaptées aux particularités de chaque région.

Chapitre 1 : Les enjeux stratégiques et éthiques de la souveraineté numérique

La souveraineté numérique : pourquoi est-elle cruciale ?

 

La souveraineté numérique repose sur la capacité d’un État ou d’une organisation à contrôler ses données, ses infrastructures et ses flux d’informations. Enjeu de compétitivité et de sécurité nationale, elle prend une dimension stratégique dans un monde hyperconnecté. Les entreprises françaises, tout comme les administrations publiques, s’exposent à des risques accrus si elles perdent le contrôle de leurs données critiques.

Quelques chiffres pour illustrer cette réalité :

  • Selon une étude de Gartner, 60 % des entreprises interrogées considèrent la cybersécurité comme le principal facteur influençant leurs choix de cloud en 2023.
  • En France, 76 % des DSI se déclarent préoccupés par leur dépendance à des fournisseurs non européens (source : Syntec Numérique).

L’usage massif des technologies numériques soulève des questions éthiques : qui détient vos données ? Comment sont-elles utilisées ? Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) impose des obligations strictes, mais la menace du Cloud Act américain, qui permet aux autorités américaines d’accéder aux données hébergées par des fournisseurs US, reste préoccupante.

Face à ces enjeux : des mesures réglementaires

 

La France et l’Union européenne ont déployé une série de réglementations et de stratégies pour consolider la souveraineté numérique et garantir une maîtrise accrue des données et des infrastructures :

  • Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) : Ce cadre législatif garantit aux citoyens un contrôle renforcé sur leurs données personnelles, notamment grâce au droit à l’oubli, à l’accès aux données, et au consentement éclairé et explicite pour leur traitement. Il impose également aux entreprises des standards élevés en matière de transparence et de sécurité.
  • Le Cybersecurity Act : Cette réglementation européenne établit un cadre de certification permettant de garantir que les produits et services numériques répondent à des normes strictes de cybersécurité, renforçant ainsi la confiance dans l’écosystème numérique.
  • La certification EUCS (European Cybersecurity Certification Scheme) : En cours de mise en place, ce projet vise à harmoniser les exigences de sécurité au niveau européen. Il propose un cadre commun pour le cloud de confiance, offrant aux organisations un haut niveau de protection et facilitant la compétitivité des acteurs européens.
  • Le Digital Services Act (DSA) : Cette législation phare s’attaque à la désinformation en ligne, renforce la transparence des algorithmes et protège les utilisateurs face aux abus des grandes plateformes numériques, contribuant ainsi à un espace numérique plus sûr et équitable.
  • La doctrine « Cloud au Centre » : Portée par la France, cette stratégie incite administrations et entreprises à opter pour des solutions cloud souveraines et sécurisées. Elle promeut l’utilisation de services locaux conformes aux lois françaises et européennes, soutenus par la certification SecNumCloud délivrée par l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information).

Ces mesures témoignent de la volonté de l’Europe et de la France de reprendre le contrôle de leurs actifs numériques.

Réduire la dépendance numérique grâce à des solutions adaptées

 

Favoriser des infrastructures souveraines

Investir dans des infrastructures européennes certifiées est une solution pour renforcer la souveraineté numérique. Ces infrastructures garantissent :

  • Une protection accrue contre les cyberattaques.
  • Une conformité totale aux réglementations européennes.
  • Une indépendance vis-à-vis des juridictions étrangères comme le Cloud Act.

Adopter des mesures concrètes de cybersécurité

La cybersécurité est au cœur de la souveraineté numérique. Les DSI et RSSI doivent privilégier :

  • Des audits réguliers pour identifier les failles.
  • L’usage de solution recommandées par l’ANSSI ou l’État français.
  • Des solutions de chiffrement avancées pour protéger les données sensibles.
  • L’utilisation d’un Cloud souverain

L’importance de la sensibilisation et de la formation

Un maillon faible dans la chaîne de sécurité reste l’humain. Former les collaborateurs aux bonnes pratiques numériques est essentiel pour éviter des incidents coûteux. Un simple phishing peut entraîner des pertes financières majeures ou des sanctions pour non-conformité.

Conclusion : Souveraineté numérique, un levier stratégique

Dans un contexte de transformations numériques accélérées, la souveraineté numérique s’impose comme un levier stratégique majeur pour les entreprises et les États. En combinant une gestion rigoureuse de la cybersécurité, le respect des réglementations telles que le RGPD et l’adoption d’infrastructures souveraines, il est possible de limiter la dépendance aux acteurs étrangers et de garantir une maîtrise totale des données critiques. En anticipant les évolutions législatives et en investissant dans des solutions innovantes, les organisations peuvent non seulement réduire leurs risques, mais aussi renforcer leur compétitivité sur le long terme.