Japon : Tokyo interpelle Facebook pour la protection des données personnelles
Le gouvernement japonais ordonne à Facebook d’améliorer la protection des informations personnelles de ses usagers à la suite d’une série d’incidents. En particulier, la découverte en septembre d’une faille de sécurité qui avait permis à des pirates informatiques d’accéder à des données de quelque 29 millions de personnes dans le monde, parmi lesquelles des Japonais.
C’est la première fois que le Japon interpelle publiquement Facebook. L’autorité de supervision japonaise note que les informations des usagers, telles que les identifiants et l’historique de navigation, sont automatiquement transférées sur Facebook lorsqu’un usager consulte un site web externe dote du bouton « j’aime » de Facebook, même si l’utilisateur ne clique pas dessus.
Selon l’autorité de supervision, Facebook doit donner des explications claires sur la manière dont les informations des usagers sont traitées, obtenir leur consentement si nécessaire, et leur répondre plus vite lorsqu’ils réclament une suppression de compte.
Twitter devant Facebook
Pourtant, la plateforme du géant américain n’est pas dominante au Japon. Twitter a plus d’utilisateurs que Facebook. Selon le Wall Street Journal, la plateforme de microblogging compte 35 millions d’utilisateurs au Japon alors que Facebook n’en recense que 25 millions. Seuls 100 000 utilisateurs de Facebook auraient pu être touchés par cette attaque informatique. C’est peu.
Les Japonais utilisent en priorité des réseaux sociaux locaux comme Mixi, Line ou Ameba, une plateforme de blogging. Mais cela ne signifie pas que les réseaux sociaux japonais ne présentent pas les mêmes failles de sécurité ou sont plus imperméables aux attaques de pirates informatiques, chinois, nord-coréens ou russes, que Facebook.
Face à ces violations en série de leurs données personnelles sur les réseaux, les Japonais réagissent avec une égalité d’humeur. Ils sont zen ! Les Japonais sont moins regardants que les Français et les Allemands sur leurs informations personnelles. Ils sont plus enclins à les livrer pour pouvoir surfer plus facilement sur Internet.
Selon un sondage, 71% des Allemands ne sont pas prêts à sacrifier ou partager certaines données personnelles contre 63% de Français et 35% de Japonais. Tous estiment que leur vie privée est moins protégée qu’il y a un an. Le quart des sondés indiquent avoir déjà été victime d’un piratage sur leur compte email, 17% ont connu la même mésaventure sur leur compte Facebook.
A la merci des pirates informatiques ?
Certains pensent que le Japon est un paradis pour les pirates informatiques. Pour les pirates de cryptomonnaies, peut-être. La plate-forme japonaise Zaif vient de se faire dérober l’équivalent de 50 millions d’euros et de bitcoins. Le nombre de vols de devises virtuels a été multiplié par trois au Japon au premier semestre. Il ne se passe plus un trimestre sans l’annonce d’un nouveau casse virtuel. Et les redoutables hackers ou braqueurs nord-coréens sont montrés du doigt.
Le Japon se tourne de plus en plus vers des sociétés israéliennes de sécurité informatique pour améliorer les procédures de sécurité de ses systèmes tant au niveau public que privé. Par ailleurs, le Japon et l’Union européenne viennent de créer le plus grand espace au monde d’échanges sécurisés de données à caractère personnel.
Par Frédéric Charles
Illustration : Regis Duvignau